Le Lot de consolation (by Indiana)

Summary : Ben has to receive the 3 daughters of one of his friend at home for 2 weeks. Adam didn’t appreciate having to take care of the eldest daughter , because he has bad memory about her when he was 16 years old, so he has to find a solution to avoid this chore…..

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Le Lot de consolation

Je ne peux tout simplement pas le croire ! Et Joe qui se pavane, et Hoss qui se demande s’il n’est pas en train de rêver, et moi…moi. C’est vraiment trop injuste la vie parfois, je vous jure…Ah, et j’oubliais Pa, ah, il est content Pa, tu penses, les trois filles de son ami de Sacramento sont casées pour la danse de samedi. Sauf que moi, j’ai l’impression d’hériter du lot de consolation.

Je vous le demande un peu, pourquoi ça m’arrive à moi ! De toute façon, je savais que les dés étaient pipés, il y a des moments comme ça dans la vie où l’on se dit que l’on devrait être ailleurs, et c’est ce que je me suis dit au moment même où Pa nous a fait tirer à la courte paille.  Pa à bien senti que j’étais réticent, il m’a tiré par le bras en me jetant un regard en coin, ça veut tout dire ça, enfin non pas tout dire, ça voulait dire précisément « Adam, pas question de te défiler ».

Je vous résume brièvement la situation pour que vous compreniez mon amertume. Vous connaissez bien mon Père, toujours prêt à ouvrir sa maison à ses amis. Oh je ne lui reproche pas, moi-même je trouve que l’on se doit d’être accueillant, et que l’on doit aider ses amis dans l’infortune, sauf que là, je ne suis pas d’accord avec Pa. D’ailleurs la nuit dernière, celle qui précède ce fameux tirage au sort qui me rend malade, j’ai essayé de lui parler :

-« Pa, je t’assure que ce n’est pas une bonne idée du tout »

-« Et pourquoi mon garçon ? John est un ami de toujours, il me demande d’accueillir ses trois filles pour 15 jours, j’accueille ses trois filles pour 15 jours »

-« Pa, tu as oublié comme elles sont ch….euh je veux dire, enfin, comment elles sont ses filles. Ne me dis pas que tu as oublié Pa. »

-« Oh Adam, je t’en prie, la dernière fois que nous les avons vu, tu avais 16 ans mon garçon. Ne me dis pas que tu as encore peur d’Annabelle. »

-« Cette fille est folle. Tu le sais aussi bien que moi. Papa, je te jure, moi, je ne serais pas là. Je profiterai qu’elles soient ici, pour aller faire un tour à Carson j’ai un ami là-bas, et en plus je dois acheter du papier à musique, je suis très inspiré en ce moment, je compose des mélodies. »

-« Pas question que tu te défiles Adam. Il va falloir occuper ces demoiselles. Vous êtes trois garçons, vos âges sont similaires, c’est parfait. STOP, pas de négociation possible. Considère cela comme un devoir à remplir ».

Et vlan, la discussion était close. Je suis monté me coucher en ronchonnant. Mon père parfois, mon père…enfin bon, il a de la chance d’être mon père.

Donc, me voilà, à quelques heures de l’arrivée de ces pestes, et surtout, surtout de l’arrivée d’Annabelle, dont évidemment, vous l’avez deviné, j’ai hérité. Je vais être son chevalier servant pendant 15 longs jours. Et je vais devoir emmener danser cette péronnelle, cette donzelle, cette horrible chose qui porte jupon. Annabelle et moi, nous sommes en guerre depuis l’instant où nos regards se sont croisés. Je la hais, et elle me hait.

Pa ne veut pas comprendre, il en rit même, me dit que j’ai toujours tendance à exagérer, qu’elle est très mignonne. Alors là, je me gausse, mignonne ! Ah ! Cet adjectif lui convient aussi bien qu’à un grizzli femelle dont on voudrait caresser les petits.

Ce matin, j’ai feint d’être malade, Pa m’a jeté un regard noir, mais noir…Je lui ai souri timidement, j’ai même joint mes mains en une prière symbolique, son regard est devenu encore plus noir. J’ai essayé de tousser, je lui ai dit que mon front était moite, il a croisé ses bras, et m’a envoyé faire mes corvées. J’y suis allé en trainant les pieds, espérant que peut-être mon frère Hoss me planterait malencontreusement la fourche dans le pied, provoquant une blessure suffisamment grave pour me clouer au lit pendant 15 jours, bon pas plus, n’exagérons pas.

Je suis donc en pleine forme, physiquement, parce-que moralement je frôle la dépression. Mon père est un homme sans pitié, je le savais. Et je n’ai même pas l’excuse d’une petite amie.

Et voilà, le moment fatidique d’aller à Virginia pour accueillir les filles approchent. Je suis dans ma chambre. Je crois que je vais faire le sourd. Voilà, oh l’idée du siècle ! l’idée de génie. Pa va m’appeler, je ne vais rien entendre, et d’ailleurs j’aurais perdu la parole.

Je discutais avec Paul Martin, notre ami et médecin, de cas médicaux, un soir qu’il était à la maison pour souper, et je me souviens que Paul m’avait dit avoir été confronté à un cas, où l’individu, suite à un violent traumatisme, avait perdu l’usage de la parole, et bien, moi j’ai en plus perdu l’usage de l’ouïe. Quoi, je n’ai pas subi de violent traumatisme ? Vous rigolez ! Je dois chaperonner Annabelle la tigresse, Annabelle le grizzli en colère, si ça ce n’est pas un traumatisme vous appelez ça comment vous ?

Voilà, je l’entends…chut…ne dites rien…moi je suis allongé sur mon lit avec un horrible regard emplit de panique ! Mais si ça va marcher ! Pa va s’inquiéter, envoyer chercher Paul, et du coup les filles vont lui sortir de l’esprit, ben oui, je suis son fils quand même, je passe avant ces…cette Annabelle !

Ma porte s’ouvre violemment ! Oh il a peut-être frappé avant d’entrer, mais comme je suis sourd…Oh je suis diabolique, machiavélique…

Il est devant moi, en colère…

-« Adam, tu descends, nous allons être en retard ».

Et là, je suis au top, je fais une petite mine de chien battu, limite si les larmes ne se mettent pas à couler…Je vois Pa qui baisse la garde, et là moi, je lui fais comprendre que je ne peux plus parler, et que je n’entends plus rien.

Pa s’approche de moi. C’est dans la poche, et oh….

-« Ouille ! Mais Pa, pourquoi tu me pinces. Tu m’as fait mal ».

Oh non mais quelle andouille je fais ! Bon d’accord, mais il m’a vraiment fait mal. Je vous jure. Je ne supporte pas que l’on me pince, et bien oui, je le reconnais, je suis un garçon plein de sensibilité. Bon j’ai mis Pa en colère, c’est tout ce que j’ai gagné.

-« Enfiles tes bottes, et rappliques ! »

Je soupire et murmure un tout petit « oui » contrit.

Je suis donc, dans le buggy, avec mon père. Mes deux frères sont à cheval. Etre dans le buggy, c’est ma punition, j’ai 25 ans mais je suis puni. Ça c’est mon père. Bref, chaque minute qui passe me rapproche de la damnation !

J’ai envie de hurler : au secours, aidez moi, priez pour moi, sauvez-moi…mais je crois que Pa me ferait courir à côté du buggy.

Mes frères sont ravis eux, ils ont les deux plus gentilles de la fratrie, et les deux plus belles.

Ah je ne vous ai pas tout dit encore, c’est qu’en plus d’être une méchante fille, elle est laide, mais laide…qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu moi, hein !

Nous voici arrivés à Virginia City, Pa range le buggy près de chez Will Cass, mes frères descendent de cheval, Pa du buggy, et moi je reste assis. Je vous jure, je suis comme paralysé, j’ai un poids sur l’estomac. Je sais que je dois descendre, je sens le regard de Pa qui me transperce, je n’ai même pas besoin de tourner la tête, je sais qu’il me regarde. Je prends une grande respiration, et mes pieds touchent le sol. J’ai comme un étourdissement, Pa ne veut pas m’écouter, mais moi je suis sûr que je couve un truc. Tant Pis, Pa s’en mordra les doigts, si ça se trouve, demain je serais cloué au lit, entre la vie et la mort,  je l’aurai prévenu.

Bon en attendant, la diligence est en retard. Je ne veux pas me réjouir tout de suite, mais peut-être que le ciel m’a entendu, la diligence a été attaquée par des indiens, et Annabelle sera faite prisonnière, et  mariée de force au fils du chef. Sauf qu’il n’y a pas d’indiens en guerre ces temps-ci, d’ailleurs il faudra que j’en touche deux mots à mon pote Young Wolf, le fils du chef de la tribu Paiute, il y a un moment qu’ils se tiennent tranquille les indiens, ce n’est pas sain du tout ça.

Je plaisante, je hais Annabelle, mais je ne souhaite pas qu’il lui arrive du mal, non…je vous dis que non, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, c’est incroyable ça quand même !

Bon toujours pas de diligence, j’ai envie de proposer à Pa d’aller boire une bière au saloon mais j’ai comme dans l’idée qu’il va me dire non.

Soit, je réfléchis à ce que je pourrais faire en attendant l’arrivée de cette…cette…fille !

Je suis un gars plein de ressources, vous  seriez étonné de savoir jusqu’à quel point je peux être retors quand je n’ai pas envie de faire quelque chose.  Ça énerve Pa. Attention, ne vous méprenez pas sur mon compte, quand il s’agit de prendre ses responsabilités, de m’engager pour une cause, de négocier des contrats, je suis un gars extrêmement responsable, Pa peut compter sur moi et il le sait, il le sait même un peu trop parfois, mais bon, c’est mon père. En revanche, quand il s’agit de devoir faire un truc du genre de celui-ci, chaperonner une fille que je ne peux pas voir en peinture, je vous jure que je suis prêt à tout pour l’éviter. Et je suis prêt à tout.

Je m’approche tout doucement de Pa, avec un air innocent, mais innocent, à un point tel que vous me donneriez le Bon Dieu sans confession et l’auréole qui va avec. Pa me regarde, je décèle cependant une pointe de méfiance dans son regard : alors là, ce n’est pas très gentil de sa part, se méfier de son fils, comme cela, sans véritable raison, cela me fend le cœur moi, tiens !

-« Pa ? »

-« Oui Adam ».

-« La diligence est en retard »

-« Je l’ai remarqué Adam »

-« J’ai un service à demander à Roy, j’en ai pour 5 minutes pas plus. Comme je n’ai que la rue à traverser… »

-« Non ».

Là je prends un air offusqué.

-« Pa…quand même…non…tu n’imagines quand même pas que je veux vous fausser compagnie ? »

-« Si ».

-« Pa, tu te méprends sur mes intentions. Je t’assure, aller-retour, si vite que tu ne remarqueras même pas que je me suis absenté. 5 minutes, montre en main . C’est entre Roy et moi, un service, enfin tu comprends, ton vieil ami Roy ».

-« Tu veux lui demander un service, ou il a besoin de toi ? »

-« les deux, Pa. »

Pa me regarde, me jauge, de la tête aux pieds, comme s’il me voyait pour la première fois, avec un petit air suspicieux.

-« Bon, 5 minutes, pas une de plus fiston »

Je t’aime Pa, oui je l’aime mon père. Bon pas d’effusion en public, mais je me jette à son cou en pensée.

-« Merci Pa »

-« Psssst, Adam, reviens ici, une minute ».

En fait vu que je ne suis pas encore parti, je n’ai pas à revenir.

-« Oui Pa ? » fis-je d’un ton extrêmement poli, avec un sourire merveilleux qui je suis sûr, éclaire mon visage tel un rayon de soleil…ça va, j’arrête…à ça fait du bien un peu de lyrisme Non ? Non !, ah bon, j’aime bien moi.

-« Pas d’entourloupes Adam ! C’est clair fiston ».

Alors c’est dans des situations comme celles-ci que j’utilise  tout mon talent de persuasion. Je mets ma main droite sur le cœur, je regarde mon père avec de grands yeux plein d’innocence, et :

-« Enfin papa, comment peux-tu penser une chose pareille de ton fils ainé ! Pa, quand même ».

-« Bien ! Vas-y ! ».

Je traverse la rue d’un pas rapide et décidé. Roy, il y a une semaine m’avait demandé un immense service, sur le coup j’avais refusé, trop de travail au ranch. Je ne savais évidemment pas que les filles allaient débarquer. Voila donc l’occasion rêvée pour ne pas avoir à jouer au chevalier servant avec une vilaine princesse.

Je pénètre dans l’office de ce bon vieux sheriff. Il est à son bureau, le nez dans un courrier, et ne m’entends pas arriver. Je m’approche tout doucement de son bureau, et siffle un bon coup. Il sursaute, et lève ses yeux vers moi. Il déchausse ses lunettes.

-« Adam, quel plaisir de te voir mon garçon. »

-« Roy, avez-vous toujours besoin d’être remplacé pour 15 jours ? »

-« Adam, je n’ai trouvé aucun suppléant. Et j’ai renoncé à mon voyage à San Francisco. »

-« Roy, je suis votre homme. Épinglez-moi vite votre étoile de suppléant sur la poitrine, il me reste deux minutes  ».

-« Adam, mais tu me disais la semaine dernière que vous aviez trop de travail au ranch ! »

-« Pa a pensé que le travail pouvait attendre. Roy, s’il vous plait, je vous offre mes services.  Sautez sur l’occasion. 15 jours avec votre vieil ami à Frisco, allez Roy, ne me dites pas non, s’il vous plait Roy ».

-« Bien, si tu insistes. C’est très calme en ce moment. Tu me retires une épine du pied Adam, cela fait 10 ans que je n’ai pas vu mon ami, et je t’avoue que c’est avec tristesse que je renonçai  à l’idée de le voir. »

Roy ouvrit son tiroir, et en sortit une étoile de shérif suppléant. Pa ne pourrait rien me dire. J’allais remplir mon devoir de citoyen, et mon devoir d’ami. Roy se leva et m’épingla cette belle étoile sur ma chemise noire. Un effet du tonnerre.

-« Tu es sûr Adam ? N’oublie pas que c’est un travail à temps plein, tu vas devoir rester en ville pour 15 jours, et loger ici à l’office, dans la petite pièce à côté de la cellule. »

-« Roy c’est un sacrifice que je fais au nom de notre belle amitié. Ne vous inquiétez pas, je serai à la hauteur de la tâche, et je ne faillirai pas. »

-« Oh je n’en doute pas Adam. En cas de gros problème, tu m’envoies un télégramme, et tu peux aussi joindre le shérif de Carson. »

-« Oui Roy, je le sais. Roy, merci ! »

-« C’est moi qui te remercie mon garçon. Bon, pas d’affaires en cours. Tu ne devrais avoir à traiter que quelques tapages nocturnes, ou ivresses sur la voie publique. Et bien mon garçon, je te laisse à tes nouvelles fonctions, et je vais préparer mes affaires. A dans 15 jours mon garçon. »

Roy me serra la main. Bon le plus dur restait à faire. Annoncer la nouvelle à Pa.

Je sors derrière Roy, et celui-ci est déjà en grande discussion avec mon père. Il lui serre chaleureusement la main, salue mes frères, et prend la direction de chez lui.

Bon j’avoue que j’hésite à traverser la route pour aller parler à Pa. Je ne vais pas avoir à le faire, c’est lui qui se dirige vers moi. Mes deux frères sont explosés de rire, le mot n’est pas trop fort.

Pa s’approche de moi, comme un serpent sur sa proie. Bon je n’en mène pas large quand même, car je lui ai fait un coup en traître. Je ne suis pas très fier de moi, mais à choisir entre la colère de Pa et Annabelle la pas belle, et bien le choix est vite fait, croyez-moi.

-« Monsieur le shérif suppléant veut-il bien pénétrer dans son office, j’ai un problème à lui soumettre. »

J’ai un petit sourire crispé, et je fais ce qu’il me dit.

-« Bien Adam, bien. Je vois que tu as réussi à te sortir brillamment de la situation. Je te demandais un service, et toi, tu me laisses en plan, merci Adam. »

-« Pa, tu comprends, Roy…enfin ton vieil ami avait besoin de moi. Je…il n’a pas vu son ami depuis 10 ans, tu te rends compte. Je suis sûr que tu comprends mon geste. Hein, tu comprends ? Oui ? non ? Je suis sûr qu’Annabelle et toi allez très bien vous entendre. C’est vrai quoi ! De toute façon, elle et moi, ça n’a jamais collé, tu le sais. Et puis, elle est plus vieille que moi ! »

-« ça y est tu as fini ta plaidoirie. Tu ne me laisses pas le choix. Je vais me charger d’elle, mais crois-moi, nous n’en avons pas fini avec cette histoire. Je te laisse donc à ta tâche mon garçon. Je ne doute pas que tu vas l’accomplir à la perfection. A dans 15 jours, Adam. »

Et sur ce, Pa a tourné les talons, et est sorti sans un regard pour moi. Bon, j’assume, j’assume, mais quand même, mon père qui sort comme ça, sans même me souhaiter bonne chance pour mes nouvelles fonctions, ça me rend triste, moi. Ça va, je sais que vous ne me croyez pas une seconde.

Je suis aux anges, je respire, je suis tranquille, 15 jours de vacances. Je m’installe au bureau de Roy, et je commence à lire un peu le courrier qu’il a laissé, pour régler de menus détails. Pendant ce temps, la diligence est enfin arrivée, j’ai entendu le cocher hurler : « Virginia City, terminus ».

Je me lève, et curieux, je m’approche de la fenêtre. La plus jeune des filles, qui a maintenant une quinzaine d’années et descendue la première, Pa l’embrasse chaleureusement, et mes frères la salue. Elle est très mignonne, la seconde qui a 20 ans, l’âge de Hoss, descend à son tour, et le même rituel se reproduit. Une troisième fille descend, je ne la reconnais pas. Ce n’est pas Annabelle, c’est sûr, celle-ci est sublime, un canon, d’une beauté à couper le souffle.

Si ça se trouve Annabelle n’est pas venue, là je vous avoue que cela ma ferait mal de me retrouver coincé 15 jours comme suppléant pour rien.

Cependant, Pa embrasse la jeune femme comme les deux autres. Là je sens mes jambes qui tremblent, oh non, ce ne peut pas être elle. Dans mon souvenir, elle ressemblait à tout sauf à une fille. Elle était maigre comme un clou, méchante, un visage d’une laideur à faire peur, et elle m’a pourri le mois de juillet qui a suivi mon seizième anniversaire. Elle a fait de ma vie un enfer, à me dégouter de vouloir être en la compagnie d’une fille. Bon le dégoût fut de courte durée,  vous me connaissez.

Je vois Pa, qui, cette beauté à son bras, entreprend de traverser la route. Oh non, ils se dirigent tous les deux vers l’office. Vite je regagne ma place au bureau, je dois avoir l’air d’un suppléant très occupé. La porte s’ouvre, je fais mine d’être plongé dans un courrier de la plus haute importance. Je lève les yeux d’un air ennuyé : qui vient donc me déranger ?

-« Ah, Pa ! ».

Je me lève.

-« Adam, mon garçon, Annabelle tenait à te saluer, et à te dire combien elle regrettait que tu sois si occupé pendant son séjour à Ponderosa. »

Pa à un petit sourire sur les lèvres, un petit sourire encore plus machiavélique que ceux que je suis capable de faire.

-« Anna…nana…annana…Annabelle ?  C’est vous ? Euh, toi ? Je… »

-« Et bien Adam, tu ne m’embrasses pas ? ».

Et comme elle s’approche de moi, je lui fais la bise. Elle a la peau douce, et elle sent bon. Et elle est belle. Je suis maudit, depuis le début de l’annonce de leur visite, je suis maudit.

-« Bon mon garçon, nous allons devoir te laisser. Tu as du travail. »

-« Dommage Adam, je me réjouissais de passer ces 15 jours en ta compagnie. Heureusement ton père saura me faire apprécier mon séjour ici. Tu es très mignon avec cette étoile de sheriff, cela te donne l’air important. »

Ah, Ah, vas-y fais ta maline devant mon père ! Pff, je suis sûre qu’elle est toujours aussi mesquine et méchante. De toute façon impossible d’être aussi belle, et gentille en plus, sinon ce ne serait pas humain.

Pa me tapote l’épaule, un petit sourire sur les lèvres.

-« A bientôt mon garçon »

Je bougonne un « à bientôt »   à Pa. Je les accompagne jusqu’à la porte, et les regarde regagner le buggy. Mes frères me font de grands signes, se  fendant la poire, et Annabelle, se retourne une dernière fois, un grand sourire moqueur sur les lèvres.

De toute façon, moi, je suis shérif, j’ai autre chose à faire que de me balader pendant 15 jours avec une beauté pendue à mon bras, autre chose à faire que de l’emmener nager, autre chose à faire que de lui jouer de la guitare, autre chose à faire que de lui parler de littérature…Je suis tellement en rage que je balance un grand coup de pied de frustration dans le bureau de Roy, ce qui me vaut au moins un orteil cassé. J’en pleurerais de rage.

 

EPILOGUE :

Les 15 jours arrivent enfin à leur terme. J’ai passé les deux semaines les plus ennuyeuses de toute ma vie. Mon affaire la plus délicate, fut le vol d’une poule. Je l’ai résolue en à peine une heure, et croyez moi, j’ai essayé de la faire durer cette affaire. Je suis complètement déprimé. Ah si, j’ai mis en cellule, le gros Billy, parce qu’il avait trop bu, il a vomi toute la nuit, et moi j’ai passé la matinée à nettoyer la cellule, et il a fallu trois jours pour que l’odeur disparaisse.

Sheriff, tu parles ! J’ai même souhaité un bon petit braquage de banque, juste pour avoir de l’action, sentir l’odeur de la poudre. Mais non ! Rien de rien, à croire que les bandits sont en vacances au Mexique.

La porte de l’office s’ouvre, et c’est un Roy enchanté, reposé, qui fait son entrée. Et bien au moins j’aurais rendu Roy heureux, au fond s’il ne doit rester que cela de ces 15 jours,  c’est bien.

-« Bonjour mon garçon ! Cela s’est bien passé ? Pas de soucis majeurs ? »

-« Bonjour Roy ! Tout s’est déroulé à merveille. »

-« Tu dois être fatigué, c’est que cela en demande de l’énergie, Sheriff ».

Je retiens un fou rire.

-« Oh…il était temps que vous rentriez Roy, je dors debout. Bon, je vais regagner le ranch. Le bureau est en ordre, j’ai classé le courrier, ranger votre fichier par ordre alphabétique, je me suis débarrassé des  documents qui dataient depuis plus de 6 mois et dont les cas ont été résolus, et mis à jour les fiches des personnes recherchées. »

-« Mais mon garçon, merci ! Quelle organisation ! Tiens je t’ai rapporté les partitions que tu m’avais demandées. »

Je m’apprête à sortir l’argent de ma poche pour le régler quand Roy m’arrête :

-« C’est un cadeau Adam. Tu m’as tellement fait plaisir en t’acquittant de cette fonction à ma place, et en me permettant d’aller chez mon ami, que je peux bien te faire ce présent ».

-« Vous m’en voyez très touché Roy. C’est très gentil. Bon et bien je vais rentrer au ranch. »

-« Ah mais ton père est déjà là. Il  attend la diligence de 11 heures,  vos invitées repartent. Je viens de lui parler. »

-« Oh, et bien tant mieux. Je rentrerai avec lui. Cela m’évitera d’avoir à louer un cheval pour rentrer. Vu que j’étais venu en buggy il y a 15 jours. Et bien Roy, à bientôt. »

Roy me serra chaleureusement la main. Je sortis de l’office, mon papier à musique dans la main droite. J’aperçois Pa et les filles, mes frères ne sont pas dans les parages. Je me dirigeais donc vers eux.

-« Adam, quel plaisir de te voir. Comment vas-tu mon garçon ? ». Et Pa me serra la main.

-« Bien. Roy vient de rentrer. »

-« Hello Adam ! ». Ça c’est la plus jeune, Mary.

-« Hello Mary, alors ton séjour s’est bien passé ? »

-« Excellent, je suis un peu déçue de ne pas t’avoir vu Adam. Mais avec Joe nous avons eu de très bons moments. La diligence est là, je vais m’installer. Au revoir Adam, au revoir Mr Cartwright ».

Et Mary monta dans la diligence après avoir embrassé mon père.

Puis se fut au tour de Lizzie, qui me salua, et me fit la bise. Pa l’aida à son tour à grimper dans la voiture.

Et enfin Annabelle : elle s’approcha de moi, et me murmura à l’oreille :

-« Dommage, j’avais pensé que toi et moi pourrions passer du temps ensemble. Pense à tout ce que tu as loupé avec moi ».

Et elle me mordit discrètement le lobe de l’oreille, je retins un cri. Je n’en revenais pas. Une peste. Voila, elle était resté une peste, mais une sacrée belle peste, qui ne semblait pas avoir froid aux yeux. Dommage Adam Cartwright me dis-je, cela t’apprendra à rester sur tes premières impressions. Cela me servira de leçon.

Je ne laissais pas à mon père le temps d’aider Annabelle à monter dans la diligence, je le fis moi-même. Je la saluai, et lui fit mon sourire de tombeur. Il fallait qu’elle comprenne qu’elle aussi était passée à côté de quelque chose, non  mais, je ne serais pas perdant sur toute la ligne.

Elle me rendit mon sourire.

La diligence s’éloigna dans un nuage de poussière, et je restais là, les bras croisés, mon père à mes côtés.

Je sentis mon père qui me passait son bras autour de l’épaule.

-« Alors mon garçon, que dirais-tu d’une bonne bière, avec ton père. Tu me parleras de tes aventures de shérif. T’es-tu découvert une nouvelle vocation ? »

-« Ok pour la bière. Quand à mes aventures  de shérif, rien qui ne doive rester dans les annales. »

-« Avant d’aller au saloon, n’aurais-tu pas des excuses à me faire ? »

-« Oh…oui…c’est vrai ! Excuses-moi papa ! Je reconnais que je n’ai pas joué franc-jeu avec toi. Pardon ».

-« Je te pardonne. J’ai passé 15 jours fabuleux, avec une jeune fille agréable, souriante, brillante, et excellente danseuse. Pendant que toi tu risquais ta vie pour protéger celle de nos citoyens. »

-« C’est clair que j’ai passé 15 jours aventureux Pa. Tu sais que ça court très vite une poule ? ».

Mon père me regarda surpris et éclata de rire.  Je me joins à lui.

Voilà. Cette histoire se termine.

Je me dis que j’ai rendu deux personnes heureuses : Roy, et Pa, qui finalement à pris du bon temps avec Annabelle. Et puis moi, et bien la prochaine fois, je ferais taire mes préjugés.

Bonne nuit. Je sens que je vais rêver d’Annabelle,  la belle.

FIN

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Author: indiana

2 thoughts on “Le Lot de consolation (by Indiana)

  1. I put it in Google Translate and read it. A few strange translations here and there, but a delightful tale of Adam outsmarting himself. Very well done.

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